Un outil pour l’Innovation Facteur 4 : portrait-robot

« De quoi ont besoin les porteurs de projet (et ceux qui les accompagnent) qui souhaitent produire un impact environnemental positif et fort ? » C’est la question posée le 25 janvier à près de 30 porteurs de projet, designers, responsables d’incubateur, et acteurs publics. Le “Référentiel Innovation Facteur 4” y était présenté comme point de départ du projet.

En bref, ce document s’organise autour d’une série de questions qui ont pour but de d’analyser simultanément le modèle économique et le modèle d’impact d’une innovation qui entend produire un impact écologique fort et durable. Ces questions peuvent également aider à identifier et résoudre d’éventuelles tensions entre rentabilité économique et maximisation de l’impact.

Retrouvez la présentation du 25 janvier

Nous devons aujourd’hui le transformer en un outil utile à la fois aux entrepreneurs et aux investisseurs, facile à employer dans des situations concrètes (définition ou analyse du projet) et adapté au niveau d’avancement du projet. Les principaux intéressés se sont exprimés lors d’un atelier sur les conditions de réussite de cette entreprise. Voici le portrait-robot de l’outil qui pourra les aider.

Soutenir des innovations dont l’ambition est d’avoir un impact profond et durable

Innovation Facteur 4 n’impose aucun indicateur ni aucune méthode de calcul de l’impact, mais demande à l’innovateur de formaliser son propre “modèle d’impact”

Plusieurs discussions ont tourné autour de la pertinence des indicateurs et de la nécessité de la mesure d’impact. Les projets d’innovation sont par nature tout à fait variés : certains indicateurs sont pertinents pour les uns mais pas pour les autres. Un projet qui permet de réduire la consommation d’eau de 80% a intérêt à mesurer l’impact en terme de litres d’eau économisés et de foyers équipés. En revanche, ce ne sont pas les indicateurs les plus pertinents pour mesurer l’impact des ampoules LED, qui privilégieront une production d’énergie électrique évitée. Enfin, de nombreux projets plutôt serviciels, ou qui reposent sur un changement complet de l’organisation d’une activité ou d’un secteur, ne se prêtent pas aisément à l’utilisation de méthodes de calcul telles que les analyses de cycle de vie (ACV). On admet donc que ce sera au porteur de projet de dire sur quoi il veut avoir un impact, et comment il le mesure. Il pourra, ou non, s’appuyer sur des indicateurs ou des méthodes de quantification existantes, mais dans le cadre d’Innovation Facteur 4, ce n’est pas obligatoire : la seule contrainte est d’être capable de formuler de manière logique son “modèle d’impact” et, à mesure que le projet progresse, de vérifier sa pertinence.

La quantification de l’impact n’est donc pas forcément nécessaire en phase d’amorçage d’un projet. A ce stade, il s’agit d’abord de décrire l’impact visé, les leviers concrets qui seront actionnés dans ce but et leurs liens logiques, et ce qui permettra plus tard de vérifier la réalité de l’impact : c’est la “Théorie du changement” du projet.

Illustration de l’application de la théorie du changement dans le cadre d’Innovation Facteur 4 à un service de covoiturage urbain courte-distance.

Avec la maturation, on commencera à mesurer un petit nombre d’indicateurs, puis on pourra approcher une quantification de l’impact. L’expérimentation proposera donc de travailler avec trois niveaux de maturité de projets, pour tenir compte des besoins spécifiques à chacun des stades de maturation : amorçage, création, développement.

Représentation de la gradualité de l’approche Innovation Facteur 4 selon la maturité du projet

Il est possible qu’à une étape plus avancée, la recommandation de telle ou telle méthode de mesure d’impact bien établie soit recommandée : parce qu’elle correspond à ce que l’entrepreneur veut faire et qu’elle va l’aider à quantifier son impact, tout en lui permettant d’utiliser des indicateurs ou référentiel reconnus par les acteurs de l’innovation (et donc prouver le sérieux de sa démarche, permettre un reporting encadré…).

Un outil appropriable en 2h

Pour les accompagnateurs comme pour les porteurs de projet eux-mêmes, il faut que l’outil puisse être utilisé dès la naissance du projet et être pris en main d’une manière aussi simple que le “Business Model Canvas”. C’est-à-dire qu’il puisse être présenté en 20 minutes à un entrepreneur dont c’est le premier projet. Et qu’en deux heures, l’exercice réalisé procure des résultats qui lui permette d’y voir plus clair.

Conclusion : Vers un Business Model Canvas du Facteur 4

Un accélérateur de projet de 2 jours sera organisé au printemps pour tester une première version de l’outil dont nous venons de décrire les principales caractéristiques.10 à 15 porteurs de projets seront sélectionnés pour tester l’outil. Ils seront accompagnés par des experts de la finance, de l’écologie et de la théorie du changement. Le formulaire de candidature est ici.

Mise au point sémantique

Plusieurs termes ont été utilisés au cours de nos travaux et de nos échanges : “référentiel”, “méthode”, “outil”. Une mise au point est nécessaire pour que nous parlions le même langage.

Nous avons publié fin 2017 un document intitulé “Référentiel Innovation Facteur 4”.

A ce jour, ce document propose une méthode d’analyse de projets à impact écologique radical composée de trois étapes (“en quoi le projet est innovant” ; “aligner le modèle économique et le modèle d’impact” ; “rendre possible la croissance simultanée de l’entreprise et de l’impact”).

L’objectif est que cette méthode puisse devenir un référentiel, c’est-à-dire qu’il devienne un système de repérage de projets à impact écologique radical pour l’ensemble des acteurs de l’innovation. Pour y parvenir, nous déclinerons cette méthode en outil directement et facilement manipulable par les acteurs.