« Quel numérique voulons-nous ? », appel à contribution pour le nouveau cycle Questions numériques

Cet été, dans un entretien à Vanity Fair, Tim Berners-Lee, l’inventeur du web, expliquait combien il était dévasté par ce qu’était devenue son invention : « Nous avons démontré que le Web avait échoué au lieu d’être au service de l’humanité, comme il était censé l’avoir fait, et a échoué dans de nombreux endroits. [La centralisation croissante du Web] a fini par produire – sans action délibérée des personnes qui ont conçu la plateforme – un phénomène émergent à grande échelle qui est anti-humain. (…) L’esprit était très décentralisé. L’individu était incroyablement mis en capacité. Tout était basé sur le fait qu’il n’y avait pas d’autorité centrale à laquelle vous deviez demander l’autorisation. Nous avons perdu ce sentiment de contrôle individuel, cette responsabilisation.« 

L’écrivain et artiste James Bridle, auteur de « New Dark Age : Technology and the End of the Future » dresse le même constat quant à l’évolution des technologies. InternetActu a fait une revue très détaillée de cet ouvrage, en voilà un extrait : « nous n’arrivons plus à penser en dehors ou sans technologie. Pire, la technologie s’est fait la complice de tous les défis auxquels nous sommes confrontés : à la fois d’un système économique hors de contrôle qui ne cesse d’élargir les inégalités, la polarisation politique comme le réchauffement climatique. Pour Bridle, la technologie n’est pas la solution à ces défis, elle est devenue le problème. Il nous faut la comprendre plus que jamais, dans sa complexité, ses interconnexions et ses interactions : mais cette compréhension fonctionnelle ne suffit pas, il faut en saisir le contexte, les conséquences, les limites, le langage et le métalangage.« 

Face à cette perte de contrôle et aux injonctions liés à « l’impact du numérique sur… » nos métiers et nos emplois, nos villes et territoires, l’information, l’éducation, etc., il est donc grand temps d’affirmer des intentions, de formuler les impacts souhaités de la société sur le numérique, et de retrouver des espaces de choix politiques, économiques et sociaux.

C’est dans cette optique que nous lançons notre nouveau cycle de prospective Questions numériques, intitulé « RESET – Quel numérique voulons-nous ? ». Nous avons identifié une première liste de défis : prendre soin des biens communs numériquesconstruire un cadre de négociation collective sur les données personnellespartager de façon plus équitable la valeur produite sur les plateformesrendre concrètement les algorithmes responsables et équitables, … Afin de compléter cette liste, qui est loin d’être exhaustive, mais aussi le contenu des fiches défis, nous souhaitons vous mettre à contribution, en vous demandant sur quelles thématiques en particulier le numérique a besoin d’un reset, d’une réorientation profonde ? Qu’est-ce qui ne peut plus durer ? Quelles directions devrions-nous explorer ?

Vous pouvez contribuer en répondant dans les commentaires ou en remplissant ce formulaire. Nous utiliserons vos réponses et contributions en enrichissant les fiches défis publiés dans ce groupe. Cette matière sera ensuite retravaillée lors d’ateliers contributifs (auxquels vous serez bien sûr conviés) et donnera lieu à la publication d’un cahier d’enjeux à l’été 2019.

Publié dans QN