[Article] Profonde, large, robuste : l’innovation qui fait frémir le CES…

Cet article a été publié dans le cadre du projet Innovation Facteur 4 mené par la FING en 2019.

…et ça n’est pas le dernier sextoy Osé (primé puis censuré).

Moins sulfureuse, (quoique), il existe une innovation qui promet un impact profond en matière environnementale, large (en visant le plus ­grand nombre) et robuste, c’est-à-dire que le projet s’intéresse à ses impacts sur d’autres secteurs et domaines, ainsi qu’aux éventuels « effets rebond » susceptibles de limiter les bénéfices écologiques nets qu’ils entraînent.

Nous avons proposé de la nommer “Innovation Facteur 4”. Car il ne s’agit pas seulement de “Green tech” (donc d’innovations technologiques) mais aussi d’innovations sociales, économiques, d’usages,… C’est ce que proposent Patagonia, Altered:Nozzle, ou encore Fairphone, parmi bien d’autres. Ces entreprises se sont saisies pleinement de la question de leur impact et l’ont intégré à leur modèle économique.

Nous sommes nombreux à croire que nous avons besoin d’innovation pour répondre aux défis du changement climatique, or il est trop rare de voir ces innovations à impact écologique radical représentées dans les différents salons dédiés à la découverte de startups.

Quel est le problème ?

Les innovateurs verts et ceux qui les financent, aussi sincères soient-ils, manquent d’outils (et donc d’incitations) pour analyser sérieusement leur « modèle d’impact », ainsi que l’alignement ou le désalignement entre modèle d’impact et modèle d’affaires, de la création jusqu’au développement de l’entreprise. Certains dispositifs comme les « B Corp », proposent à l’entreprise d’inscrire dans ses statuts des objectifs d’impact social et environnemental, pour que la rentabilité financière ne soit pas le seul principe orientant ses décisions. Mais ces initiatives restent isolées. En outre, les dispositifs de soutien à l’innovation sont encore parfois mal armés pour s’intéresser à des projets d’innovation « radicale » ou « disruptive », qui visent à changer les termes de référence d’un marché ou d’un secteur.

Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

Le référentiel que nous avons publié en 2017 proposait une vision décrivant simultanément le modèle économique et le modèle d’affaires :

  1. qualifier en quoi le projet est innovant,
  2. décrire simultanément son modèle économique et son modèle d’impact,
  3. décrire son chemin de croissance.
Les 3 étapes du Référentiel Innovation Facteur 4

En 2019, nous poursuivons nos travaux. En ce moment même, des investisseurs et des fonds cherchent à se doter de référentiels pour tenir compte de l’impact social et environnemental. Seulement ces initiatives sont cloisonnées, au risque que chacun développe des outils qui lui sont propres et dont les critères diffèrent de l’un à l’autre. Dans ce cas, la présentation du modèle d’impact pourrait devenir un exercice compliqué, une contrainte plutôt qu’un guide pour les entrepreneurs cherchant des fonds, et un casse-tête pour les investisseurs qui répartissent leurs fonds chez différents gestionnaires.

Le chapitre qui s’ouvre propose d’identifier et de créer les outils qui feront le langage commun des acteurs de l’innovation, et de les diffuser sous licence Creative Commons pour qu’ils soient utilisables par tous. Et pour que le CES 2020 soit Facteur 4.

A l’origine, des travaux du programme Transitions² de la Fing dont le référentiel Innovation Facteur4 fait partie, un constat : plusieurs décennies d’innovation « verte » n’ont pas permis de ralentir la croissance des émissions de CO2. D’un côté la Green Tech, qui porte des propositions de valeur intégrant l’impact écologique, reste vulnérable aux effets rebond. Elle est aussi très centrée sur les innovations technologiques alors que d’autres formes d’innovation (sociale, d’usage,…) peuvent aussi être porteuses d’impacts écologiques radical. De l’autre côté, l’innovation numérique a démontré sa capacité d’attraction et d’implication des gens, tout en pouvant générer des changements d’usages durables et profonds dans la société et l’économie. Elle est aussi à la base de modèles “alternatifs” (agile, open source, collaboratif…) qui ont rebattu les cartes dans de nombreux secteurs. Mais son impact écologique n’est pas sa préoccupation centrale, ni même, en général, un objectif secondaire. Ces deux familles d’innovation ont donc, au moins sur le papier, beaucoup à s’apporter l’une et l’autre.